mardi 24 avril 2012

De retour à la maison?

J'aurais presque envie d'écrire «oui». Pour Normand et moi, c'est le même «good feeling» qui nous brasse l'intérieur. À mesure de notre progression vers le Sud, et sans même s'en rendre compte, nous ne trouvions rien de bien intéressant à visiter. Ce n'est qu'une fois aux Tobago Cays, que nous avons réalisé que nous ne voulions qu'une chose. Nous sentions en nous cette envie de revenir à Whisper Cove Marina. NOTRE chez-nous du Sud. Notre gang, notre routine, nos vieilles pantoufles quoi!

Il faut ajouter que la météo s'en est mêlée un peu, beaucoup. Après une belle journée d'apnée en compagnie de mes tortues, les nuages ont fait leurs apparitions de façon de plus en plus importantes, et les averses étaient prévues jusqu'au lundi 23 avril. Nous avons donc quitté à 9h00, le matin du vendredi 20 avril. Comme nous étions un vendredi, nous voulions faire rapidement, afin de faire nos papiers de sortie de St-Vincent et Grenadines (SVG) puis ceux d'entrée de la Grenade. Nous jetons donc l'ancre à Clifton Harbour, Union (dernière île de SVG) à 10h00 (12°35'.781N 061°24'.831W). L'annexe est mise à l'eau, et Normand se rend à l'aéroport pour les papiers de sortie. Une marche d'à peine 20 minutes, aller-retour. Il faut vous dire ici, que depuis l'année dernière, où nous étions restés une nuit à l'ancrage, c'est la seule île visitée où nous sentons un vrai «bad feeling». C'est difficile à expliquer. Beaucoup de «boat boys» se promène autour et reluque sans cesse les voiliers. Il faut aussi surveiller l'argent remise lors d'achat. Certaines vendeuses expertes ont l'art de détourner ton attention durant les transactions. Bref, après sa petite promenade à l'aéroport, Normand s'aperçoit que dans l'annexe, le tuyau d'alimentation de l'essence est défait. Une chance pour nous, un câble avec cadenas passe dans le réservoir d'essence (même si certain se sont fait scier la poignée) et il ne semble pas manquer d'essence. Après avoir refixé l'annexe à l'arrière du voilier, nous relevons l'ancre à 11h10. Encore une petite navigation, à moteur, jusqu'à Hillsborough, Carriacou, où nous nous ancrons à 12h45 (12°29'.122N 061°27'.548W). J'avais d'ailleurs une belle liste d'achats chez «Pattys Deli» (tournez à droite sur la rue principale). Une petite épicerie où nous retrouvons plusieurs produits fins et, si c'est comme l'année dernière, la propriétaire fait un délicieux gâteau au fromage, tous les vendredi. Et bien, Bingo! Normand est revenu avec deux baguettes, mes bagels et deux morceaux de gâteau au fromage au chocolat.

Après 3 jours nuageux et quelques averses dispersées, les nimbostratus se sont installés, avec le déluge et sans vent, vers 19h00. Comme notre génératrice a rendu l'âme depuis deux jours, nous devons partir le moteur du voilier pour recharger nos batteries. Sans soleil et sans vent, avec un congélateur qui fonctionne de plus en plus souvent, causé par l'augmentation des températures environnantes, nous devions nous réveiller aux 3 heures, afin de s'assurer que le moteur veuille bien partir. Il pleuvait tellement, que même dans le cockpit, avec le «full encloser», tout était mouillé. Il y avait des fuites d'eau de partout. L'eau s'infiltrait dans toute les petites ouvertures qu'elle rencontrait et par les coutures. La décision fût donc prise, durant la nuit, «on rentre à la maison aujourd'hui».

À 6h00 nous levions l'ancre. Au Sud de Carriacou, la pluie a cessé et nous avions du 8 nd de vent au travers. À moteur à ce moment, nous avons ouvert le génois et le courant était avec nous. Un peu au Nord de St-George's, nous avions du 18 nd de vent, au près et, seulement à voile, nous faisions du 7.3 nd. Nous sommes arrivées au quai de Whisper Cove Marina à 14h30 (12°00'.606N 061°44'.022W). «Home sweet home».

lundi 16 avril 2012

Bequia, Canouan et Tobago Cays

Nous avons donc quitté Sainte-Lucie à 00h00 le jeudi 12 avril. Navigation toujours assez «pepère» le long des îles mais, comme c'est la nuit et que Normand dort, je ne laisse qu'une demie grande voile avec génois au besoin. Comme nous sommes coupés du vent par les îles, le moteur tourne toujours. Par contre, dans les passages entre les îles, ça peut se corser de façon substancielle à cause de l'effet de rétrécissement, et selon la force du vent. C'est ce à quoi nous avons eu droit, mais de façon beaucoup moins importante qu'anticiper. Nous avons quand même eu 20 miles à faire (entre Sainte-Lucie et Saint-Vincent) avec des vents de l'Est autour de 20 nd (avec rafales à 28 nd) et une vague formée autour de 10' au travers. Rien pour m'empêcher de faire mon dodo à 6h00. Lors de mon réveil, à 12h00, Normand approchait lentement de la côte de Saint-Vincent et, contrairement à ce que j'avais connu au Sud de La Dominique, le courant au Sud de Sainte-Lucie était beaucoup moins fort. Donc, petite accalmie le long de Saint-Vincent et, reprise du «brassage» au Sud de l'île jusqu'à Bequia. Nous nous sommes ancrés à 14h30 dans Princess Margaret Bay (13°00'.052N 061°14'.780W). Comme nous savions qu'après 16h00 nous devrions payer des frais supplémentaire pour la douane, Normand a attendu au lendemain pour formaliser notre entrée, en précisant que nous étions arrivés vers 17h30 (les bureaux ferment à 18h00 la semaine).

Après 3 jours à Bequia, avec de belles baignades et du repos, nous avons quittés le dimanche 15 avril à 8h00, direction Canouan. Il faut dire qu'au Sud de Saint-Vincent, toutes les îles sont à des distances d'un saut de puce. Vent ENE d'à peine 10 nd et, comme la distance n'est que de 15 miles, nous avons pris le temps de le faire lentement, sous voiles. Nous nous sommes ancrés à 13h00 à Charlestown Bay (12°42'.375N 061°19'.798W). Personnellement, À ÉVITER, sauf s'il y a du très beau temps et peu de vent. Il y a énormément de roulis et très peu de chose à y voir. C'est surtout une base pour les voiliers et catamarans de la compagnie de location «moorings» et l'ancrage y est donc restreint. ATTENTION à bien laisser libre l'accès du quai principal de la ville, surtout du côté Est. De notre ancrage, nous étions limite donc, une bonne vague dans l'derrière quand le traversier arrive, en plus du roulis assez inconfortable. Pour 5 miles de plus à faire, j'éviterais cette baie, à l'avenir, pour me rendre directement aux Tobago Cays ou à Mayreau.

Donc, ce matin, 16 avril, devinez ce qu'on a fait? Bon, j'ai quand même pris le temps de manger, mais je me suis levée à 8h00 et, normalement, ce n'est jamais avant 9h30 (sauf lors des longues navigations, bien sûr). L'ancre fût levée à 10h30 et, à moteur uniquement (parce que le trajet est assez spécial), direction les Tobago Cays. LE paradis de la baignade et du «snorkeling». Pour les futurs navigateurs: de Canouan, on prend un cap de 216° Vrai jusqu'à la bouée cardinal Est (à l'Est de Catholic Island), puis 129° Vrai pour atteindre la pointe SO de Petit Rameau, et passer entre Petit Rameau et Petit Bateau pour aller se mettre à l'ancre ou prendre un mooring. Personnellement, nous favorisons le côté Nord de l'île de Baradal, même si un peu plus rouleur, car il est beaucoup moins fréquenté. Nous avons jeté l'ancre à 11h45 (12°38'.169N 061°21'.237W). Comme l'année dernière, nous avons été accueillis par les oiseaux. D'abord des mouettes puis, quelques temps après, «mon effronté». Je l'avais baptisé ainsi, car il ose entrer dans le cockpit pour venir réclamer son dû. Il ressemble à un mainate. Évidemment, c'est avec plaisir que je les nourris.

mardi 10 avril 2012

La Martinique et Sainte-Lucie

Tel qu'écrit dans mon dernier message, nous avons bien quitté La Guadeloupe vers La Martinique le mercredi 4 avril à 10h30. Après être sortie des îles des Saintes, Normand a pris la surveillance de la roue et je me suis couchée. Grande voile et génois avec le moteur pour augmenter la vitesse. Le vent était à 50-60 degrés du voilier, donc au près très serré, et adonnait pas toujours avec mon cap de 170°. Ce fût quand même une navigation assez «pepère» jusqu'au Sud de La Dominique. J'avais repris la surveillance depuis 19h00 et avait diminué la grande voile et le génois pour la nuit. Par contre, arrivé à la pointe Sud de La Dominique, le courant contre moi était beaucoup plus important que je ne l'avais crû. Je me souviens que, l'an dernier, au Sud des îles, nous avions un fort courant contre nous, qui se rétablissait au milieu du canal entre les îles pour, graduellement, nous aider au Nord de l'île suivante. Ce que j'avais oublié, c'était la force du courant en question. Durant environ 4 heures, je n'ai fait qu'une moyenne de 2.5 nd (ma normal est de 5 nd). Pas besoin de vous dire que j'avais l'impression de faire du «sur place». Le tout s'est rétabli au milieu des deux îles. Avec ce ralentissement, mon ETA était donc retardé de plusieurs heures, pour me faire arriver vers midi au Marin. Cependant, là encore, j'ai sous estimé «Dame Nature». En toute chose, la nature tend toujours à conserver la stabilité, et c'est encore elle qui m'a donné une leçon de vie. Un peu au Sud de St-Pierre (Martinique), j'ai commencé à faire du 6 nd et, lentement, ma vitesse a augmenté pour atteindre 7.8 nd. Lorsque j'ai réveillé Normand, à 6h00, nous approchions du «Diamant» et nous nous sommes ancrés à 9h00 au Marin (14°27'.474N 060°52'.133W). Nous n'y sommes demeurés que jusqu'au dimanche 8 avril, le temps de refaire quelques provisions.

Nous avons donc repris la direction du Sud, à 8h00 le dimanche 8 avril. 3/4 de la grande voile et génois avec vent de 18 nd au travers. Nous nous sommes ancrés à Rodney Bay, Sainte-Lucie, à 13h30 (14°04'.600N 060°57'.456W). C'est la première fois que nous prenons la peine de visiter un peu cette île. En fait, Rodney Bay est plutôt un immense complexe d'hotels et de condos avec des boutiques de grand luxe. Une chance pour nous, l'épicerie (IGA comme à Grenade) ne manque de rien, et j'ai enfin pû y retrouver du vrai bon lait. C'est à peu près le seul item qu'il me manque dans les îles françaises. Ils n'ont que du lait «tablette» style «Grand Pré». Nous prévoyons une autre longue navigation, vers Bequia, mercredi soir 23h30 (au levé de la lune). 70 mn et, si je me fit à l'an dernier, nous avions pris 13 heures pour nous y rendre.

mardi 3 avril 2012

St-Martin à Deshaies, Guadeloupe

Nous sommes arrivés à Deshaies le jeudi 29 mars à 10h45 (16°18'.491N 061°47'.894W) après une navigation légèrement plus houleuse que prévue. C'est avec la levée du pont de 17h30, le 27 mars, que nous avons quitté le lagon pour nous mettre à l'ancre dans la Baie de Marigot, St-Martin. Le lendemain matin, à 4h45, nous levions l'ancre pour contourner l'île par le côté Hollandais. Comme le vent était presque nul, nous n'avions que la grande voile d'ouverte avec le moteur. Au Sud de l'île, nous ouvrons le génois avec le moteur toujours en fonction pour augmenter notre vitesse. Je vais me coucher vers 8h00 et Normand surveille la roue. À 12h15, j'entend un «bang» malgré mes bouchons d'oreilles. Je me lève et j'aperçois les lignes de pêche que Normand a installées. Je lui dit «T'a pogné quelque chose» et il me dit «ouais». Il avait mis le moteur au neutre. Nous étions au Sud de St-Barthélémy avec Saba (St-Eustatius) à notre tribord. Il regardait derrière le voilier en disant «Ouais, j'ai pogné, on va baisser les voiles et descendre l'annexe». Perplexe, je suis montée dans le cockpit pour voir derrière le voilier «la bête» en question. Nous étions côte à côte, les yeux braqués sur l'arrière du voilier. Je lui ai répondu «O.K, j'affale les voiles». La «bête» en question était un long câble d'environ 50', avec à chaque extrémité une bouée blanche et ça sert à installer des filets de pêche. Nous étions quand même en mer mais avec peu de vent et une vague d'environ 5' au 10 secondes. Une fois l'annexe à l'eau, Normand a descendu faire une inspection visuelle. Le câble est enroulé dans le «shaft» (O.K, l'arbre de transmission c'est mieux) et l'hélice ne semble pas avoir subit de dommage. Pour le reste, ce sera à voir... Après 5-6 plongées, il ne réussit pas vraiment a demeurer assez longtemps sous l'eau pour pouvoir être fonctionnel. L'eau c'est pas vraiment son élément. Je me change pour aller constater les dégats. Avec masque et palmes, je plonge à mon tour. Finalement, peut-être pas si pire. Une partie du câble est enroulé autour de l'arbre d'hélice, derrière le coupe orin. L'hélice n'a rien. Le reste du 50' traine à l'arrière du voilier. Nous fixons cette partie à un taquet à l'arrière du voilier, pour pouvoir me servir du câble pour avancer vers la partie à couper. Comme le câble semblait enduit d'huile, probablement pour l'empêcher de pourrir, il était impossible de le couper avec notre couteau Rapala. Nous avons dû utiliser un couteau à steak, avec des dents. J'en ai d'ailleur échappé un au fond. Après une dizaine de plongée, le câble fût complètement dégagé. Évidemment, nous l'avons conservé dans l'annexe pour éviter qu'un autre s'y coince. Étant donné que le câble était recouvert de plusieurs coquillages, nous nous sommes retrouvés avec de multiples petites coupures sur les bras et les doigts. Donc, ça prend un ou deux bon couteaux avec des dents, de bon gants et, idéalement, un cours de plongée avec l'équipement à bord. Nous avons donc repri notre route sans aucun autre dommage apparent. Après une bonne douche, des diachylons sur les coupures, je suis retournée me coucher jusqu'à notre changement de surveillance à 19h00. Plusieurs grains durant la nuit, que j'ai pu contourner sauf 2. Du courant contre nous, plus fort que prévu, et 1 1/2 heure perdue à «travailler» sur le cable. C'est ce qui a donné l'heure tardive de notre arrivée.

Hier, le 2 avril, nous avons loué une voiture pour faire le tour de Basse-Terre. Nous étions avec Normand (pas le mien) du voilier «Horizonte Sereni». Ce matin nous avons décidé de descendre aux Saintes. Nous avons quitté notre ancrage à 10h45. Très peu de vent, SE, le long de la côte, avec le génois ouvert au cas où «ça adonne». Par contre, au Sud de l'île, carrément dans l'nez. Comme il ne reste plus aucune place pour s'ancrer (sauf à l'Ouest du Pain de Sucre), car la municipalité a installé des boules d'ancrage partout, nous avons pris une des deux dernières boules de L'Îlet à Cabrit à 17h30. Nous avons entendu Normand de «Horizonte Sereni» sur la VHF, quelques minutes plus tard, qui avait finalement décidé de descendre aussi aux Saintes. Comme il est seul, mon homme a mis l'annexe à l'eau pour l'aider à prendre la dernière boule d'ancrage de l'endroit. Si tous les plans reste les mêmes, nous envisageons quitter demain, après avoir fait les papiers de sortie, pour une navigation d'environ 24 heures, direction Le Marin en Martinique.