samedi 16 janvier 2010
La fenêtre météo se pointe.
Nous attendions une ouverture de beau temps, pour quitter Stuart, et un réchauffement des températures. C'est qu'on doit faire une sortie en mer entre Fort Lauderdale et Miami car il s'y trouve un pont de 55' qu'on ne peut passer via l'ICW. Nous avons finalement quitté le matin du 12 janvier avec toujours des températures très basses. Je crois que ça été la pire des nuits. Ça nous a pris 1h15 pour rejoindre l'ICW et nous naviguons toujours dans un petit canal étroit avec des habitations hors de prix. Jupiter (où Céline Dion a sa demeure) est encore plus riche que St. Lucie et ce n'est rien à côté de Fort Lauderdale. C'est à se demander où sera la limite? Et nous avons entendu dire que Key Biscayne est encore "plus big". Nous avons commencé a gérer une multitude de ponts à faire ouvrir. On s'est finalement ancré à 15h45 près de la bouée R38, juste avant le Lantana Bridge, côté ouest. C'est dans le petit 7' indiqué sur la carte (26°35'.328N 080° 02'.762W). C'est bien comme ancrage pour une nuit: tout près de l'ICW pour repartir le lendemain et peu de trafic la nuit.
Lake Sylvia (Fort Lauderdale):
Nous avons dormi 50/50 cette nuit car on surveillait sans cesse notre ancrage. C'était une des premières fois avec notre nouvelle chaîne et nous avions un peu perdu l'habitude de l'ancrage (toujours au mooring ou en marina). Finalement aucun problème. Au réveil nous avons aussi appris le tremblement de terre en Haïti via un courriel de ma mère. Évidemment loin comme on est et dans l'ICW il n'y a eu aucun problème. Nous avons pris le pont de 8h00 et avons suivi toute la journée deux voiliers: "Papete Turn" et "Deuxième Chance" immatriculés S.C (South Carolina). Ce fût la course et le calcul des ouvertures de ponts. En l'espace de huit heures nous avons dû faire ouvrir 16 ponts. Le problème c'est qu'il y en a qui ouvrent sur demande, d'autres aux 30 minutes en partant de l'heure ou de quinze minutes après l'heure, certains aux vingt minutes etc... Finalement et après mes savants calculs: on doit maintenir une vitesse de 6 Kn toute la journée pour être synchronisé, en espérant qu'aucun pont retarde son ouverture. Malheureusement nous en avons manqué deux de quelques minutes. On fait donc du "sur place" pendant 30 minutes en espérant que le courant ne soit pas trop fort. Nos deux compagnons de route nous ont quittés juste avant notre ancrage au Lake Sylvia à Fort Lauderdale (26°06'.345N 080°06'.692W). Très bel ancrage: on aperçoit les lumières des bateaux de croisière qui quitte le port et l'aéroport n'est pas loin donc toutes les avions nous passent au-dessus de la tête (mais on s'habitue car c'est souvent ainsi, quand ce n'est pas les trains qu'on entend siffler toute la nuit). On a même vu un Zeppelin avec un écran de T.V dessus qui fait de la publicité! Wow! On est loin de notre petit village et de sa tranquillité.
Sunset Lake (Miami):
Enfin une nuit légèrement plus chaude et sans vent. La levée du corps s'est faite à 6h30, le 14 janvier, pour prendre la levée du pont de Port Everglades (Fort Lauderdale) de 8h00. C'est la journée de notre sortie en mer pour rejoindre Miami. Nous n'avons que 20 mn à faire entre les deux Inlet. Nous prenons la direction Sud, en mer, à 8h30. Légèrement nuageux au départ mais le dégagement s'est fait rapidemment. Peu de vent Sud-Ouest et petites vagues de 2-3 pieds. Une navigation tranquille voile et moteur. La clarté de l'eau est de plus en plus impressionnante. Nous entrons dans Government Cut (l'Inlet de Miami) à 12h00 sous une chaleur suffocante. On s'en plaindra pas trop... Comme on attend un dépression pour la fin de semaine, nous décidons d'aller s'ancrer à Sunset Lake à côté du Collins Canal (25°48'.216N 080°08'.454W). C'est une bonne heure de moteur mais c'est bien protégé comme endroit. Après cette dépression, il se dessine une belle ouverture météo pour traverser aux Bahamas. Quelques voisins d'ancrages parlent également de quitter lundi, pour se rapprocher de la mer, avec un éventuel départ mardi matin vers 4h00. Je surveille la météo de près et, si la traversée se confirme, les communications Internet deviendront plus difficile sauf via des cafés Internet, qui semblent assez rares aux Bahamas. Ce sera à suivre... Demain je tente de vous envoyer des photos via ce blogue. Marie, qui m'a rendu visite en début d'année, m'a montré comment faire et ça semble assez simple.
jeudi 7 janvier 2010
Enfin, la vague?
Finalement, j'ai pu faire sa rencontre. Celle de ma vague tant attendue. Nous avons eu la chance d'avoir de la belle visite du Québec. Marie, Michel et Théo (du New Morning) passaient dans le coin et se sont arrêtés nous voir. Comme ils avaient un véhicule, on s'est tous rendu sur le bord de la mer. J'ai roulé mes bords de pantalon pour m'y tremper les orteils. C'était froid mais pas autant qu'à Baie-Comeau. La beauté et la quiétude de l'endroit wow! J'en aurais voulu encore et encore. Avec ma patte qui traîne je croyais avoir plus de difficulté, mais non. Ça prend quand même ma canne d'un côté et Normand de l'autre. Lorsque nous avons quitté pour aller souper, je me suis permise d'aller m'éfouerrer au sol, le derrière dans le sable et j'ai tellement ri. C'est que j'avais laissé le bras de Normand quelques secondes. C'était peut-être un message inconscient qui disait "je veut pas partir"?
lundi 28 décembre 2009
Pause à Stuart
Nous avons finalement quitté Titusville le matin du 22 décembre. Darren était présent sur le quai à 9h00. Je crois l'avoir déjà mentionné mais je veut le re-préciser pour bien m'en rappeler: c'est un homme merveilleux et plein de bonté. Nous avons eu l'aide des employés de la marina pour sortir notre "Sweet Madame Blue" de son quai puis nous avons repris notre route direction Dragon Point. Le canal est toujours assez large jusqu'après le pont de Cocoa. Après, ça commence à rapetisser lentement. Arrivé à Dragon Point on décide de poursuivre afin d'éviter Véro Beach demain. C'est que les places se font rares, à Véro, et on ne veut pas vraiment arrêter pour longtemps. On poursuit finalement jusqu'à 16h30 où l'on s'ancre entre deux petites îles; c'est Rock Point (27°59'.082N 080°32'.566W) un peu après Palm Bay.
Sunset Bay marina & anchorage (anciennement Southpoint Anchorage):
Le réveil du lendemain s'est fait à 6h00. Comme nous sommes vraiment à côté de l'ICW, dès 7h15 nous reprenions notre route vers le Sud. Notre objectif étant d'atteindre Jensen Beach mais, avec les courants de marées qui recommencent, le calcul de l'heure d'arrivée est plus difficile (ETA-Estimation du Temps d'Arrivée). La route est de plus en plus étroite et nous longeons des petites îles où foisonnent une végétation luxuriante. Nous passons à côté des moorings de Véro Beach et il y a déjà 2 bateaux à l'épaule par bouée. Bonne décision de notre part de poursuivre plus loin. Normand commence à parler de St. Lucie River au Sud de Jensen Beach. Ça m'apparaît un peu loin mais on verra! Nous avons eu une belle surprise en arrivant à Fort Pierce: le bleu turquoise de l'eau est HALLUCINANT. Juste la vue de ce paysage donne une bouffée d'endorphine qui apaise tous les maux du corps et de l'âme. Après le pont, j'ai ouvert mon génois afin de prendre un peu de vitesse car j'avais un léger vent SE (au près). On a pu dépasser Jensen Beach et entrer dans St. Lucie River. Le faste et l'opulence des lieux est à couper le souffle. Juste devant les habitations, il y a des bateaux de 750,000$, en moyenne, et les maisons sont à la mesure de la démesure. Proportionnelles en coût aux bateaux accostés à côté. Et que dire de certains aménagements paysager: ça pourrait facilement rivaliser avec le Jardin Botanique de Montréal. J'avais l'impression d'être à l'émission "La vie des gens riches et célèbres" en direct. Une heure plus tard nous arrivons au pont de Stuart où nous avons dû attendre 30 minutes le passage d'un train avant que le pont lève. Juste après c'est la Sunset Bay Marina où nous avons pris un mooring (#53) à 10$ par jour (27°11'.783N 080°15'.748W). Il était rendu 17h30.
La chance du chiffre "13":
Depuis le début de notre aventure, ce chiffre nous suit partout. La première fois que nous avons vu notre "Sweet Madame Blue" c'était le 13 septembre. Nous avons fait le paiement le 13 novembre. Au printemps suivant nous avons pris rendez-vous avec Mme. Labonté, de Transports Canada, pour l'immatriculation. Ce qu'elle avait de disponible était le vendredi 13 à 13h00 et ainsi de suite...Sans jamais provoquer les choses, ce chiffre apparaît dans nos vies. Même le lettrage du voilier, la lettre "B" ressemble à "1" et "3" collés. Donc, pour se rendre où nous sommes présentement, nous avons du quitter l'ICW et remonter la St. Lucie River sur une distance d'environ 6 mn. C'est le chemin qui mène au St. Lucie Canal et au Lac Okeechobee. Dans le guide de Skipper Bob, nous devons aller à la fin du volume pour avoir les ancrages à cet endroit: ça se trouve au chapitre 13. Le lendemain de notre arrivée, nous nous rendons au bureau du "harbour master" pour s'enregistrer et remplir le formulaire de facturation. Comme c'est mon travail, je suis concentrée à remplir les multiples cases avec tous les renseignements requis et à la fin, on me remet une copie avec tous les codes d'accès de la marina. Je met le tout dans mon sac et nous quittons lentement vers le Publix. Normand me dit à la sortie: "T'as rien remarqué sur la facture?" Je lui répond: "Non" d'un air perplexe, tout en me demandant ce que j'aurais bien pu omettre de voir? Il me dit: "Check le numéro de facture". Je m'empresse de ressortir la facture pour y lire dans le haut, à droite: 0313. Ça tombe bien on voulait justement demeurer ici quelque temps. À la sortie de notre épicerie, un couple de notre marina, qui avait loué une voiture, avait remarqué que j'avais de la difficulté à me déplacer (je n'avais que ma canne). Ils ont été assez gentils pour nous ramener en voiture. Nous sommes donc à Stuart depuis le 23 décembre et nous avons été voir des voiliers à vendre: surtout des Hunter 41', 45', Aft cockpit, Deck Salon et Central cockpit. Nous avons fait une promenade sur la Osceolla et la Flagler Street (deux rues de boutiques). J'y ai même vu une boutique de manteaux de fourrure! Normand a réparé le tuyau du réservoir à eau chaude, qui coulait abondamment. Le dimanche, au restaurant de fruits de mer et de grillade "Sailor's Return", à côté de la marina, il y a un orchestre tout l'après-midi avec un saxophoniste des plus talentueux. Ce qui est bien, c'est qu'il y a des bancs sur le "boardwalk" et on peut les écouter bien assis (car ils sont dehors quand le temps le permet), en observant les bateaux et voiliers au loin avec les chauds rayons du soleil qui inondent notre visage. Nous avons aussi le privilège d'assister, à tous les soirs, à de magnifique couchés de soleil orangé: un pur délice.
lundi 21 décembre 2009
L'hiver est arrivé...
Vendredi, le 18 décembre, j'entends mon homme se glisser lentement à côté de moi. Il était près de 5h00 du matin et j'entendais le clapotis de la pluie qui tombait sur le voilier. Au travers de mon léger sommeil, une douce voix me murmure à l'oreille (et c'est vraiment pas ce que vous pensez): "Capitaine Chantal, une tornade se dirige lentement vers nous. Elle est présentement près de Boca Raton en direction de Melbourne". C'est ce qu'on appelle un saut du lit spontané. Lorsque Normand m'a réveillée elle était en direction NW, vers Merritt Island et Cape Canaveral qui se trouve tout près de nous. Mon homme est sorti sécuriser le voilier (resserrer les amarres et rentrer tout ce qu'il y a dehors) pendant que je m'installais à l'ordinateur. Nous avons suivi son déplacement sur internet ainsi qu'à la radio. Une chance pour nous, elle a bifurqué vers le NE au large de Cape Canaveral.
Notre congélateur est enfin réparé et il ne reste plus qu'à l'ajuster à la bonne température. C'est d'ailleurs ce que mon homme a fait toute la fin de semaine. Samedi soir, nous avons assisté à une parade de Noël des bateaux de la marina. Vers 18h30 quelques bateaux, remplis de lumières et de décorations, ont paradé pendant une bonne heure dans la marina et la Indian River. Le soir je me suis permise d'écouter Mes Aïeux, La Volée d'Castors et le Bébert Orchestra que j'ai accompagnés avec mes cuillères. Je sais pas si c'était bon (mon homme ronflait à côté) mais j'ai eu beaucoup de plaisir et c'est vraiment ça qui importe.
Dimanche fût la journée rangement et grand ménage car on aimerais quitter lundi matin vers Miami. Comme il y avait "line-up" aux laveuses j'ai fait mon lavage à la main. Depuis le passage du front froid de samedi, les températures ont chutées assez brutalement. La météo annonce même du risque de gel et c'est surtout provoqué par les vents du NE. Ça devrait persister jusqu'à mercredi. En brave que nous sommes, nous sommes quand même allés à notre crème glacée à 16h00 puis Normand est allé faire une petite épicerie. Au retour il m'avait acheté un joli petit Poinsiettia. Bien sûr, je l'ai rentré à l'intérieur pour la nuit mais je lui ai trouvé un belle place à l'intérieur du cockpit (lorsqu'il fera plus chaud). Il est parfait pour s'installer dans le porte-gobelet.
Le réveil de ce matin s'est fait à 8h30 car nous devons finaliser notre paiement à la marina, avant de quitter, et elle n'ouvre qu'à 9h00. Ça paraît que l'hiver arrivais aujourd'hui. On a eu une nuit assez froide avec 37°F (3°C). Une chance que nous avons une chaufferette et l'électricité de la marina. Comme je ne voulais pas que mon Poinsiettia gèle, et en tant que capitaine, j'ai pris la décision de rester à la marina une journée de plus. Vous y avez cru n'est-ce pas? La vérité est que la nuit prochaine s'annonce aussi froide que la dernière et, comme nous ne sommes pas si masochistes que ça, nous reportons notre départ à mardi. Darren s'est montré encore très disponible pour nous. Il nous restait à faire des provisions d'aliments de chez Sam's (grosses portions ou grosses caisses). Le seule magasin facile d'accès, sans voiture, et pas trop loin du bord de l'eau (prix du taxi au retour) était à Lantana. L'ancrage ne semblait pas évident mais ça demeurait notre dernière possibilité. Puis Darren a bien voulu nous amener à celui de Cocoa. Il se trouve à 30 minutes au Sud de Titusville, par l'autoroute 95. D'ailleurs, sur cette autoroute, nous avons croisé une bonne dizaine de voitures du Québec. Là nous sommes vraiment préparés à vivre 3 mois sans ravitaillement. Il ne restera que les achats de nourriture périssable au besoin.
samedi 19 décembre 2009
Mes voeux de saison...
Et au delà de la santé, car elle n'est pas toujours au rendez-vous, soyez à l'écoute de ce qui vous fait vibrer.
Pour moi c'est d'admirer un oiseau en vol, lire un bon livre, écouter de la musique, me laisser bercer par les vagues, manger ma crème glacée assise sur un banc de parc, chanter (même si je fausse), siffloter avec mes oiseaux, finalement, VIVRE AU PRÉSENT.
JE VOUS SOUHAITE, À TOUS, DE TROUVER L'ÉTINCELLE QUI ALLUME VOTRE COEUR D'ENFANT ET MET DE LA LUMIÈRE DANS VOTRE REGARD.
vendredi 11 décembre 2009
Les derniers préparatifs à Titusville
Le fait d'être à l'ancrage si longtemps nous a permis de tester notre réserve de batteries et, malgré les 3 à 4 heures de génératrice par jour, nous sommes arrivés à la conclusion que 2 batteries, pour le roulement quotidien, c'est vraiment pas suffisant (surtout avec congélateur/réfrigérateur). Nous nous servions même de la batterie pour partir le moteur, ce qui nous donnait une capacité de 3 batteries. Mais encore là, c'était limite. Comme il y a réparation et mécanique (boatyard) à la Westland Marina, nous nous sommes informés pour l'installation de 4 batteries, pour le roulement quotidien, et 1 autre "crank", pour le démarrage du voilier. Le gros problème c'est qu'on ne peut mettre des nouvelles batteries avec les anciennes, résultat: on s'est commandé 5 nouvelles batteries et nous prendrons un quai à la marina lorsqu'elles arriveront.
Lorsqu'il pleut ou que les vents sont trop forts, nous demeurons sur le voilier. Ça permet de faire quelques travaux, du ménage, de la lecture, d'admirer le paysage et d'observer mes oiseaux. En passant je me suis fait un ami: c'est un aigle-pêcheur ou balbuzard pêcheur (Osprey en anglais). Il est perché toute la journée sur un des poteaux de l'entrée de la marina et me siffle à chaque fois qu'un bateau approche. Je lui répond en sifflotant à mon tour. J'ai pu le reconnaître grâce au masque qu'il a sur les yeux, un peu comme un raton-laveur. Il y en a aussi qui sont perchés sur les barres de flèche des voiliers de la marina.
Samedi le 5 décembre, nous avons assisté au lancement d'une fusée "delta" avec un satellite à bord. Nous entendions les directives, aux bateaux dans la région, sur notre VHF. Une partie de l'ICW était fermée ainsi qu'une zone de l'océan atlantique en cas de "perte de contrôle" de la dite fusée. Le départ était prévu pour 19h20 mais a été remis, puis remis et encore remis mais, à 20h47, j'ai aperçu une grosse boule de feu s'élever dans le ciel. J'ai réveillé mon homme (car il était endormi depuis longtemps) et on a pu la voir monter pendant un bon 5 minutes. Puis un bruit d'enfer en traversant le mûr du son. Elle devient, par la suite, un petit point lumineux, comme une étoile, et elle fini par disparaître; probablement lorsqu'elle largue son satellite qui lui, s'installe en orbite autour de la terre.
C'est finalement lundi le 7 décembre que nous sommes entrés à la Westland Marina pour l'installation de nos batteries. Comme il y a eu une erreur dans la commande, on a eu le quai gratuit pour la journée. Plus tard, Darren (c'est le nom de notre bon samaritain de la dinde de thanksgiving) a donné un "lift" à Normand pour qu'il s'achète une "Hawaiian Sling". C'est un long bâton avec un crochet au bout et un gros élastique et c'est pour pêcher. Pour plus d'informations à ce sujet il serait préférable d'aller voir sur internet. Ils ont fait près de 2 heures de voiture pour se rendre chez le "spécialiste" de ces cannes à pêche (1 heure aller et 1 heure au retour). C'était de l'autre côté de Cape Canaveral, sur le bord de l'océan. En fait, c'est ce qu'ils m'ont dit!
Nos voisins de quai sont des Américains de l'Illinois. Ils descendent en voiture, à chaque hiver, pour se rendre dans le Golfe du Mexique avec leur catamaran, qu'ils entreposent ici. Ils ont eu la gentillesse de nous prêter leur voiture à deux reprises: une belle Lexus. Ça semble assez courant, aux États-Unis, de prêter ta voiture. C'est la deuxième fois depuis qu'on a quitté le Québec. Ça nous a permis de faire des provisions de viande: le congélateur est plein.
De notre ancrage je voyais régulièrement des parachutes et ce, de chaque côté de la Indian River. Côté Ouest c'est probablement une école de parachutisme. Les fins de semaine, quand la température le permet, il peut y avoir 4 à 5 "largages" avec une bonne dizaine de parachutes à chaque fois. Du côté Est et juste à la sortie du Titusville Bridge (qui n'est qu'à 0.5 mille au sud de nous), il y a une école de Kitesurf. Les journées venteuses j'assistais à des spectacles de parachutes des deux côtés de la rivière: c'est comme une multitude de ballons qui dansent dans le ciel.
Jeudi le 10 décembre nous avons eu droit au passage d'un immense front froid. En l'espace d'à peine 10 minutes, le ciel s'est couvert comme en pleine nuit (et c'est à peine exagéré). Il n'y avait presque pas de vent et le temps était chaud et humide puis, d'un coup sec, le vent a soufflé avec des pointes à 30 mph du NE. La température est passée de 77°F à 60°F en à peine 2 heures. Pour une accro. à la météo comme moi, c'en était presque "jouissif" (et là je ne veux pas de commentaire de votre part sur le terme employé). C'est un autre côté positif de vivre sur un voilier. On vit vraiment en symbiose avec la nature et on apprend à la respecter.
Le lendemain, en vérifiant notre congélateur, on s'aperçoit qu'une bonne partie de notre réserve de viande n'est pas gelée. Oups! Problème de congélo? Eh oui! Pas grave. On est au chaud et la vie est belle. Un spécialiste viendra lundi. En attendant nous réussissons à "entreposer" notre viande dans le congélateur de la marina.
La fin semaine du 12 et 13 décembre fût celle de la "job de merde" et c'est au sens littéral. Nous avons fait l'installation de notre macérateur dans une grosse chaleur d'environ 82°F. Premièrement un bon pump-out. Le hic! il reste toujours un bon 2 pouces de "dépôts" dans le fond du réservoir et le tuyau qu'on doit connecter au macérateur est dans le bas du réservoir. Solution: rincer avec de l'eau et refaire des pump-out. C'était pas "ad retour d'eau claire" mais c'était déjà mieux pour faire la connexion nécessaire. Autre problème: étroitesse des lieux. L'accès se fait par un des coffres à l'arrière du voilier ainsi qu'un petit panneau dans la chambre arrière. Une chance que je suis mince. Résultat: lundi matin un couple courbaturé mais heureux d'avoir réussi le travail. Notre spécialiste de la réfrigération est arrivé lundi et depuis, nous avons fait des tests de température ainsi que commander un thermostat de congélateur que nous attendons. J'ai vu aussi mon premier lamantin de près. Il était bien installé au bout du quai où nous sommes. J'ai pu le photographier sous tous les angles. Il y est resté une bonne heure. Merci au congélateur de nous avoir retenus ici. C'est bien la preuve qu'il n'arrive jamais rien pour rien!
Mardi le 15 décembre, en fin de journée, Normand m'a amenée au Sand Point Park juste à côté de la marina. C'est un peu comme le parc Lafontaine avec un bassin d'eau, une fontaine et plusieurs oiseaux. Il y a même une affiche qui indique ceci: "Swimming prohibited. Beware of Alligators". Vous y croyez vraiment? J'ai bien essayé de convaincre Normand d'y faire saucette, pour que je puisse prendre une photo, mais il a préféré passer son tour. Il voulait m'y montrer un drôle d'oiseau qu'il y voit lorsqu'il va au Save a Lot pour l'épicerie. Et là j'ai pris des photos. Après des recherches j'ai appri que se sont des Cigognes d'Amérique ou Tantales d'Amérique (Wood Stork en anglais). Drôle de nom ou coïncidence: Tantale vs Chantal? Bref, ils n'ont pas de plumes dans le 1/3 supérieur du cou et sur la tête et cet endroit est comme crevassé. C'est pas joli mais je trouve ça beau quand même. De toute façon ce n'est pas l'apparence qui m'attire vers la nature et les animaux mais plutôt leurs comportements et habitudes. Normand a poursuivi sa route vers l'épicerie pendant que je me dirigeais vers mon cornet de crème glacée quotidien. Une buse a suivi mon déplacement dans le parc en allant se percher au devant de moi, à mesure de mon déplacement, puis Normand m'a rejoint et elle est partie.
On entend beaucoup de musique de Noël à la radio. Il y a même un poste qui en diffuse en continue, depuis un bon mois. Hier j'ai entendu "Alvin and the chipmunks: The christmas song" et ça m'a rappelé mes Noël de jeunesse, à Papineauville. Avec mes frères et mes cousins, nous faisions jouer ce "record", en boucle, entrecoupé de celui de "La Bolduc" et "Ti-Gus et Ti-Mousse". Ah! Pôvres parents! Ici c'est plein de décorations. Il y a plein de bateaux qui sont remplis de lumières (ça ce sont des bateaux-maisons qui ne sortent jamais de la marina). Mais c'est un peu incohérent pour moi! Noël ça va avec de la neige, du froid, des mitaines, un nez qui coule et un bon chocolat chaud après une journée dehors. En passant, nous ne remarquons même plus les palmiers autour de nous. C'est probablement qu'on se sent déjà un peu chez-nous. Nous sommes rendus comme des "vieux d'la place".
jeudi 26 novembre 2009
De St. Augustine à Titusville
Le lendemain de notre arrivée on est sortie se promener dans St. Augustine. Une magnifique ville avec une superbe architecture. C'est vraiment à voir. Le collège est de toute beauté et il paraît qu'il y a des visites guidées à l'intérieur. Il y a de petites rues où l'on retrouve toute sortes de boutiques de chaque côté: beaucoup de galerie d'art, des vêtements signés genre Gucci, Versace et compagnie... des librairies, des boutiques de souvenirs etc. On a même vu un "rouleur" de cigare; il roule à la main des cigares Cubain. Il y avait aussi une boutique où l'on pouvait faire faire les armoiries de sa famille. On a retrouver d'où venait la famille à Normand et mon nom de famille était là aussi mais je n'ai pas eu le temps de le lire car il y avait des gens qui attendaient et eux voulaient vraiment acheter. À notre retour sur le voilier on a aperçu un énorme bateau de pirates, à l'ancre, devant le nôtre. Il y avait un tournage de film car plusieurs caméras s'y trouvaient et ils devaient reprendre sans cesse plusieurs prises de vues. Ils sont restés là jusqu'au couché du soleil.
Le lendemain (jeudi 19 novembre) on avait décidé de sortir faire une épicerie et Normand voulait aller voir un voilier à vendre mais, changement de programme...Les vents contraire au courant a fait débuter "la valse des voiliers" autour de nous. Normand a dû sortir son "horn" (criard en bonbonne) pour aviser un bateau à l'ancrage qu'un voilier s'en allait le frapper. À peine 1 heure plus tard, on a vu un catamaran, "Zuri", qui était lui aussi à l'ancre, se diriger tranquillement vers notre voilier. Normand est descendu dans l'annexe pour le repousser au loin. Une autre annexe est venu l'aider (Malaya le nom de son voilier, je crois) et pendant qu'ils surveillaient le catamaran à la dérive, quelqu'un s'est chargé d'aviser la Coast Guard qui a appeler la marina tout près. Ceux-ci ont pu rejoindre le proprio. qui est rapidement venu récupérer son Catamaran. Ouf! Toute une journée.
Daytona Beach:
On s'est levé à 6h00, le matin du 20 novembre, pour quitter avec la levée du pont de 7h00. On était 5 voiliers à se suivre. La première partie du trajet est légèrement sinueuse (ça aide à rester vigilante). Comme Normand s'installe pour diner, un "Zodiac" nous aborde avec 3 hommes en uniformes (et ce n'était vraiment pas le moment pour fantasmer). Il s'agissait de la Coast Guard qui faisait son inspection sanitaire. Ils veulent s'assurer qu'on ne déverse pas notre réservoir septique dans l'eau. Ils mettent un colorant dans la toilette et actionne la "chasse d'eau" pendant que le gars qui conduit le "zodiac" surveille l'arrière de notre voilier: si il aperçoit du colorant c'est environ 1000.00$ d'amende. Évidemment nous étions en règle. La loi nous interdit de déverser notre réservoir septique à l'intérieur de 3 milles des côtes Américaine. On fera l'installation du système de déversement une fois rendu à Miami, avant de traverser pour les Bahamas. La deuxième partie de la journée s'est faite en ligne droite dans un étroit "corridor" bordé de magnifiques maisons. Ce qui m'a surprise ce sont les cours grillagées et là, je m'explique. C'est un peu comme les "solarium de Paris", qu'on installe au Québec, mais au lieu d'être des panneaux de plastique en polymère, c'est d'immenses panneaux, genre "moustiquaires", et ça recouvrent la quasi totalité de leur cours arrière. Ce serait une belle idée pour profiter de nos étés à l'extérieur tout en étant à l'abri des moustiques (surtout dans les Laurentides). Mais comme m'a dit Normand, c'est investir beaucoup pour, peut-être, 2 semaines d'été! Voilà une autre raison qui motive mon voyage dans le Sud. On s'est finalement ancré à 15h30 après le Memorial Bridge de Daytona Beach et au Sud de la Halifax Harbor Marina (29°11'.90N 081°00'.37W). On se trouve à côté de la Daytona Marina & Boatworks du côté Ouest de l'ICW. On a passé la fin de semaine à Daytona Beach. Samedi ce fût la journée West Marine et épicerie. Une autre belle surprise nous attendait. Notre chauffeur de taxi, Ron, connaissait un peu le français et le Québec. Son père, originaire de France, a travaillé quelques années à Rivière-du-Loup comme grand chef cuisinier et a quitté pour aller travailler pour la famille Kennedy, wow! Le lendemain, rangement du linge "d'hiver", ménage et farniente. J'adore observer les buses planer dans les tourbillons de vents à la recherche de hauteur. Elle semblent tellement libre. Et les pélicans, avec leurs longs becs, ressemblent à des maringouins géants. Les observer plonger tête première dans l'eau pour attraper un poisson, c'est fascinant. On entend un gros "plouk" avec plein d'éclaboussure d'eau et ils ressortent avec un poisson dans leurs becs.
Indian River (Titusville):
Lundi, le 23 novembre, on se réveille à 6h00 avec du brouillard. On a attendu qu'il se dissipe un peu avant de lever l'ancre (au cas où mon GPS ferait encore des folies). Le trajet se fait pratiquement en ligne droite mais dans une vaste étendue d'eau qui n'est profonde que de 1 à 3 pieds de chaque côté de l'ICW. On a croisé toute la journée plusieurs petites chaloupes de pêcheur et quelque chose a rapidement attiré notre attention: les pêcheurs sont debout dans l'eau à côté de leur chaloupe! Ils ont de l'eau jusqu'à la taille et avec un bâton il gratte le fond. On en a vu d'autres avec des filets et on a même croisé un club de pêche où l'on voyait des papas enseigner à leurs jeunes enfants (eux restent dans leur chaloupe). On a eu quelques percées de soleil en après-midi mais avec un fort humidex et peu de vent. On est arrêté à la Titusville Municipal Marina, à 14h30, pour refaire le plein de diesel, un pump-out et remplir notre réservoir d'eau puis on s'est ancré dans Indian River, juste à côté du chenal d'entrée de la marina (28°37'.54N 080°48'.39W).
Séjour à Titusville: Le lendemain matin Normand est allé en annexe chez West Marine. C'est tout près de la marina. Il est revenu pour diner et en après-midi nous sommes ressortis à la marina: moi pour du lavage et Normand pour aller faire remplir notre bonbonne de gaz tout près et... encore une belle surprise. Je suis assise sur un banc dehors, je fait un peu de lecture en attendant mon lavage et j'entends: "mais c'est Chantal"! En me retournant je vois Line (du voilier Julia Maria). Elle et Guy sont ici depuis quelques jours avec le voilier "Amyrick". Ils font des travaux sur leur voilier, veulent aller à Disney World etc... Ils nous montrent comment attirer et voir les Manatees (lamantins en français). Depuis qu'on est en Floride on aperçoit régulièrement des panneaux avertissant des zones de manatees. Les bateaux doivent ralentir dans ces zones, sous peine d'amende, car se sont des animaux protégés par la faune. Mais ça c'est un peu comme nos affiches de zones de chevreuils: on voit beaucoup d'affiches mais rarement l'animal en question. Le bassin de la marina municipale de Titusville en aurait une bonne quarantaine et pour les attirer, il suffit de faire couler un boyau d'eau fraîche. Ils se précipitent immédiatement vers la source d'eau et wow! C'est énorme. Ici ils appellent ça des "sea cow" (vaches de mer). C'est une espèce en voie d'instinction et on les protègent car ils sont sans défenses. C'est gros, paresseux et ça aiment se faire des caresses entre eux. Il est par contre illégal de leur donner de l'eau sous peine d'amende de 250.00$. La raison est que si les mamans s'habituent à prendre l'eau fraîche des humains, elles omettent d'enseigner à leurs petits la façon de trouver des sources d'eau et ceux-ci en viennent à mourir. Le lendemain il a plût toute la journée avec de bons vents: on est resté sur le voilier à regarder nos cartes. Jeudi le 26 novembre, c'était Thanksgiving, tout était fermé. Un bon samaritain de la marina, qui adore les canadiens, nous avait concocté une immense dinde avec une délicieuse tarte aux noix de pacane. On s'est tous passé le mot pour se faire un souper de québécois et chacun y a apporté sa contribution alimentaire. À 17h30 c'était le rendez-vous, autour des tables à pique-nique de la marina, pour un joyeux et délicieux festin. Tout était tellement bon mais une note spéciale au délicieux fromage Brie, de Line, dans le sirop d'érable et saupoudré de noix de Grenoble. Le lendemain je me lève à 9h00 pour tenter de voir l'atterrissage de la navette Atlantis STS-129 (on est tout près de Cape Canaveral) qui est prévu à 9h22. Normand me dit qu'à la radio ils ont dit 9h44. On avait su par Dave, du voilier "Amyrick", qu'on l'entendrait entrer dans l'atmosphère et traverser le mûr du son. Dès 9h30 on est dans le cockpit à scruter le ciel puis un gros "pow", comme un coup de canon mais sans vibration, se fait entendre. On est comme deux enfants à chercher partout dans le ciel. On ne savait pas de quel côté elle arrivait? J'entends Normand me dire: "elle est là". On l'a aperçu glisser tranquillement et sans bruit vers sa piste d'atterrissage. Que de belles et grandes découvertes depuis mon départ. Bon "yeu" que la vie est belle! Depuis qu'on est entrée en Floride on s'est promis de se laisser porter par les hasards de la vie et c'est pour cette raison qu'on est toujours à Titusville: on est bien et heureux ici.